La Réduction des Risques (RdR) [ou Réduction des Risques et des Dommages (RdRD), ou Réduction des Méfaits (RdM)] contribue à une approche globale et pragmatique de la prévention et de la prise en charge des usagers de substances psychoactives, licites ou non, au plus près de la réalité des consommations.
Considérant les besoins élémentaires des usagers, dont l’accès à des produits d’hygiène, la RdR a pour objectif de prévenir les risques immédiats liés à la consommation de drogues illicites, notamment les contaminations par le VIH et le virus de l’hépatite C (VHc) et l’ensemble des dommages sociaux et psychologiques liés à l’usage de substances classées comme stupéfiants.
Elle contribue donc à une approche globale de la situation sanitaire, psychologique et sociale des usagers, en accord avec ceux-ci.
La politique de RdR, progressivement mise en place au cours des années 1980 (PES -programmes d’échange de seringues, TSO – traitements de substitution aux opiacés) a fait la preuve de son efficacité : diminution de la prévalence et de l’incidence du VIH chez les usagers de drogues par voie injectable et réduction des cas de surdose mortelle.
Ses missions, ses objectifs et ses moyens d’action ont été précisés par la loi de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016.
L’un des principaux moyens d’action de la RdR repose sur les stratégies de distribution d’outils au bénéfice des usagers de drogues car les outils de RdR
- permettent de réduire le risque de transmissions virales, d’infections bactériennes ainsi que d’autres risques pour la santé des usagers ;
- constituent un levier efficace pour diffuser une information valide sur les risques associés aux consommations de substances psychoactives
- permettent d’amener les usagers à interroger leurs pratiques de consommation et à les réduire le cas échéant ;
- sont un moyen d’orienter les usagers de drogues vers le secteur médico-social spécialisé, et ainsi entrer et rester dans un parcours de soins.
L’efficacité de la distribution de matériel n’est plus à démontrer. Là où des programmes adéquats ont été mis en place, la progression du VIH a fortement diminué et l’accès des bénéficiaires à des parcours de soins somatiques ou psychiatriques, ou à des programmes de substitution est significativement amélioré. Il est également important de rappeler que la distribution de matériel ne doit pas être limitée, mais au contraire accentuée.
La reconnaissance de l’expertise de l’usager est fondamentale dans l’évaluation de l’acceptabilité des matériels, et donc in fine la pertinence de proposer ces outils. Il est en effet fondamental que les usagers puissent s’approprier le matériel et prendre ainsi une part active à la réduction des risques associés aux consommations.
De même, les intervenants spécialisés en RdR se mettent en mesure de développer une pédagogie permettant de diffuser largement la connaissance de ces risques et le bon usage des outils permettant d’en limiter l’impact.
Des outils de RdR peuvent être accessibles dans les CSAPA et CAARUD, mais aussi dans les pharmacies, par voie postale (programmes de RdRD à distance), ou dans des automates distributeurs, sous forme de kits disponibles 24h/24.
La diffusion de ces outils est également encouragée dans le cadre de démarches « hors les murs », pour aller à la rencontre des usagers qui ne viennent pas d’eux-mêmes dans les structures spécialisées (maraudes en squat ou dans la rue, milieu festif, soirées «Chemsex»), appui sur Internet, lignes téléphoniques etc….
La seule distribution de matériel et produits de santé complète ainsi les autres ressorts de la RdR : accueil inconditionnel et personnalisé des usagers, pragmatisme et non-jugement, (pratiques de consommation etc…) prise en compte des objectifs des personnes dans la construction conjointe du projet d’accompagnement, orientation dans le dispositif sanitaire et médico-social.